<REVISTA TEXTO DIGITAL>
ISSN 1807-9288
- ano 3 n.2 2007 –
http://www.textodigital.ufsc.br/
BOOTZ, P. L’œuvre signe.Texto
Digital, Florianópolis, ano 3, n. 2, Dezembro 2007.
L’ŒUVRE SIGNE
THE SIGN WORK
Philippe
Bootz
Laboratoire
Paragraphe, Université Paris 8
Paris,
França
e-mail: philippe.bootz@univ-paris8.fr
RÉSUMÉ: Les notions d’esthétique de la frustration et de méta-lecture que j ’ai
précédemment introduites pour résoudre les situations paradoxales dans
lesquelles se trouvent parfois le lecteur d’une œuvre littéraire numérique sont
parfois mal interprétées, comprises comme un déni de la lecture. Elles sont en
fait des outils performants qui permettent de mieux décrire la place que ces
œuvres assignent au destinataire de l’œuvre, et notamment la scission en
plusieurs rôles de fonctions traditionnellement confondues dans l’activité
classique de lecture. L’individu lecteur en devient, en quelque sorte, un
lecteur-kaléidoscope.Il était dès lors nécessaire de
décrire en termes sémiotiques la nature du signe qui engendre, à la réception,
ce dédoublement des fonctions interprétatives. C’est ce à quoi s’attache cet
article en introduisant le concept « d’œuvre signe », un signe constitué par
l’œuvre qui opère à deux niveaux : celui, classique,
des médias, et celui du fonctionnement technique du dispositif de communication
par l’œuvre dans lequel le programme et le lecteur sont inscrits lors de l’exécution
de l’œuvre. L’article décèle l’existence de ce signe dans d’autres
productions artistiques comme certaines œuvres d’Andy Warhol et s’attache à
montrer comment l’œuvre signe opère dans les productions françaises qui
s’inscrivent dans ce qu’il est convenu d’appeler « l’esthétique de la
frustration »
MOT-CLÉ: Oeuvre. Signe. Lecture.
ABSTRACT: Sometimes, the notions of “aesthetics
of frustration” and meta-reading I use to explain the paradoxical situations in
which sometimes stays the reader of a work of digital literature are
misunderstood they are understood as a denial of reading. In fact, they are
useful tools to describe the location these works give to the addressed person
of the work. They notably can explain the split of the traditional activity of
reading in several components that are performed by different roles of the
addressed person. The subject addressed by the work becomes, in digital
literature, a “kaleidoscope reader”. So, it is necessary to describe in
semiotic terms the nature of the sign that makes, at reception, this splitting
of interpretative functions. This article introduces for this purpose the
concept of “work sign”. The work acts as a sign at two levels: the classical
level of the media and the other of the technical behavior of the situation of
communication. The paper mentions exemples of such a sign in other artistic
productions, for instance in some Andy Warhol’s works. It describes after this
the functioning of this sign in different works of French works that are inscribed
in the aesthetics of frustration.
Keywords: Work. Sign. Literature.
1 Introduction.
La
question de la signification, au sens le plus large du terme, est au cœur de nombreuses démarches en arts et littératures
électroniques. Elle se pose aujourd’hui en termes nouveaux. L’art spatial, par
exemple, déplace le lien causal implicite entre perception et
maîtrise du sens en introduisant la mesure scientifique dans le processus de
perception de l’artiste. La
littérature numérique a peu à peu assigné une place spécifique à la perception,
posant des limitations à l’activité de lecture. Il n’est
plus possible aujourd’hui de parler de « lecture » sans spécifier exactement de
quelle activité on parle. Le modèle, dit procédural, que je développe depuis
quelques années pour décrire ces phénomènes introduit plusieurs termes
différents pour spécifier les divers aspects de l’activité du lecteur. Plus
encore, il convient d’examiner de quel lecteur on
parle. Le modèle procédural différentie le lecteur spécifiquement engagé dans
la lecture de l’œuvre du groupe des « lecteurs éloignés » constitués des autres
lecteurs présents (s’il s’agit d’une installation) ou
du lecteur qu’il a été ou sera dans une autre lecture de l’œuvre. Le « lecteur
» n’est pas ici un individu mais un rôle : le rôle
tenu par celui qui lit les événements multimédias de l’œuvre. Le développement
de certaines esthétiques amène à penser que cette lecture est un mode d’accès limité à l’œuvre. Cette limitation est une
caractéristique fondamentale du dispositif numérique, tout spécialement
lorsqu’il est utilisé en « lecture privée », c’est-à-dire
en dehors d’une installation. J’ai introduit en 2001 le concept de «
méta-lecteur » pour décrire les stratégies qui, dans la construction du sens,
mettent en échec la perception des éléments qui, traditionnellement, délimitent
l’œuvre. C’est ce concept qui est ici repris en lui donnant une forme sémiotique
fondée sur un signe particulier : l’œuvre signe.
Nous commencerons par définir le système
étudié et rappeler le vocabulaire utilisé. Nous développerons ensuite l’analyse
de quelques œuvres qui utilisent la lecture comme une des fonctions internes à
l’œuvre. Nous définirons alors le concept d’œuvre signe et déterminerons
quelques traits distinctifs entre lecture et méta-lecture.
2 La
situation de communication.
2. 1 Rappels sur le modèle procédural
Ce modèle appréhende la littérature comme une activité
de communication. La situation de communication qu’il décrit est constituée de l’auteur, de la (ou les) machine(s) sur
laquelle l’œuvre a été créée, du lecteur, de la machine sur laquelle il est en
train de lire et qui est en communication directe ou indirecte avec
Figure 1: le
dispositif procedural
Le
modèle aborde la littérature numérique comme une littérature à « littérarité
émergeante », c’est-à-dire une littérature pour laquelle les critères de
littérarité ne sont pas encore établis de manière culturelle. Une approche pragmatique
de l’émission et de la réception me semble alors judicieuse. Dans celle-ci,
toutes les notions sont étroitement liées à la conception que l’individu se
fait du dispositif de communication, conception dénommée « profondeur de
dispositif » dans le modèle procédural. La
notion même d’œuvre devient alors problématique[1]. À la question simple « qu’est-ce que le
texte dans l’ensemble des symboles présents à l’écran ? », l’analyse de
comportements de lecture permet de montrer que la réponse n’est pas unique.
Elle diffère notamment en fonction du rôle sémiotique assigné par le lecteur ou
l’auteur aux éléments de l’interface visuelle. Ces différences obligent à
distinguer l’ensemble physique de symboles perceptibles, dénommé transitoire
observable dans le modèle procédural,du sous-ensemble considéré comme
constitutif de l’œuvre par le lecteur et dénommé texte-à-voir dans le modèle.
Les observations ont montré que le nombre de profondeurs de dispositifs qui se
côtoient à un moment donné dans un lectorat est faible mais différent de un. Si
on pose comme hypothèse que la dynamique observée en littérature électronique
peut se généraliser à tout art à « artisticité » émergente, alors un tel type
d’art aurait comme visée consciente ou non de forger une nouvelle profondeur de
dispositif, au besoin en évinçant les références issues des autres dispositifs
familiers. En ce sens, l’utilisation du dispositif numérique permet de
relativiser des dispositifs plus traditionnels comme le livre ou le cinéma.
La profondeur de dispositif joue un rôle tout
aussi fondamental dans la pratique de l’écriture. Les diverses conceptions du
rôle assigné au programme, et plus généralement à tout élément du texte-écrit,
cet ensemble sémiotique constitué des divers éléments fabriqués par l’auteur,
déterminent complètement l’orientation et les fonctionnalités de ce programme. On peut le
constater en comparant, par exemple, les couples théorie/générateurs présents
chez Jean-Pierre Balpe et chez Christophe Petchanatz. Chez Jean-Pierre Balpe,
dans la théorie de la méta-écriture, le générateur automatique apparaît comme
un moyen pour remettre en question le postulat couramment admis selon lequel la
littérarité serait
Ce
faisant, Balpe inverse subrepticement le principe d’équivalence entre bien
fait, mal fait et non fait posé par Filliou. Le générateur, insatiable, génère
du plein mais celui-ci se révèle n’être qu’un rien ou, plus exactement, un
fragment, dans une conception classique de la littérarité. Ce « bien fait »
aboutit à un non-lu. On pourrait appliquer à ce couple méta-écriture/générateur
automatique les mêmes notions que L.A.I.R.E. développait dans les animations
syntaxiques, à savoir le concept de « piège à lecteur », premier concept énoncé
dans alire, et son corollaire
paradoxal : « la lecture interdit la lecture ». Pourtant cette dualité
méta-écriture/générateur n’est pas la seule conception qu’un auteur peut se
faire d’un générateur automatique. Christophe Petchanatz l’a montré en créant
des générateurs qui fonctionnent sur un mode de Pavlov contraire à celui de
Balpe : il faut agir pour les arrêter et lire, alors que les générateurs
balpiens destinés à une lecture privée[2]
demandent une action pour générer. Christophe Petchanatz joue ainsi sur un
autre tableau en pointant la société de consommation et de la communication.
Ses générateurs semblent dire au lecteur : « vous voulez du texte ? tenez : en
voici ». Il inverse alors explicitement le sens du principe de Filliou : il
transforme le plein en vide, le produit en rien. Cette inversion passe par une
voie antithétique à la voie balpienne même si elle fournit un résultat
équivalent. Ce trop-fait est donc équivalent à un non-fait : il produit du
non-lu. À travers ce mode de Pavlov, Petchanatz pose une
Chez
Petchanatz comme chez Balpe, la conception du générateur automatique s’appuie sur
une profondeur de dispositif dans laquelle l’activité de lecture ne possède
qu’un pouvoir limité de connaissance de l’œuvre. Les animations syntaxiques des
années 90 créées par Tibor Papp ou moi-même avaient permis une telle
constatation par un autre biais. C’est
finalement ce pouvoir limité de la lecture qui, d’une façon générale et
constante, est vraiment travaillé par les courants français fondateurs de la
littérature numérique et, encore aujourd’hui, dans le collectif Transitoire
Observable. Cette limitation correspond à une réassignation de l’activité du
lecteur dans le dispositif de communication qui le relie à l’auteur via
l’œuvre.
2. 2 Lecture,
méta-lecture et esthétique de la frustration.
la lecture inassouvie[3] avait montré comment le travail réellement
entrepris sur la lecture en littérature électronique renvoyait dos à dos Walter
Benjamin et Mario Costa (ou Kant) en montrant que l’imbrication entre
présentation et représentation modifie radicalement la donne philosophique. Le
fait que la représentation (le texte-àvoir) participe à la présentation tout
comme la présentation participe à la représentation (œuvre signe, voir
ci-après) caractérise un phénomène complexe au sens de Morin, c’est-à-dire au
sens de la physique quantique et non des mathématiques. Exit alors une
compréhension esthétique fondée sur l’opposition de deux termes contradictoires
au profit d’une récursivité dialogique entre ces deux termes. L’un et l’autre
sont aussi vrais que faux. J’avais alors développé à e-poetry 2003 le concept
de méta-lecture pour expliciter la forme pragmatique que prend la réception
d’une telle œuvre signe lorsque le système de représentations utilisé par
l’œuvre est un dispositif procédural. Dans cette conception, le méta-lecteur
est placé en situation d’analyse du fonctionnement de l’œuvre et non de
lecture, ce qui suppose qu’il ait des informations sur le programme et non sur
le seul transitoire observable. Il ne peut donc être en situation de lecture,
la lecture ayant rapport avec la production de ce programme. C’est le côté performatif du programme qui
amène à distinguer lecture et méta-lecture. Bien que lecteur et méta-lecteur
puissent correspondre au même individu, lecture et méta-lecture manifestent
deux fonctions différentes d’appréhension du dispositif procédural, cette
différence étant repérée par deux voies perpendiculaires dans le schéma. Celle,
horizontale, qui passe par l’œuvre, représente la voie de la lecture et celle,
verticale, qui dévoile le fonctionnement performatif complet du dispositif
(procédures logiques et processus d’exécution), correspond à l’analyse par la
méta-lecture (cf. figure 2). Notons également que lecture et méta-lecture
correspondent également à des stratégies, au sens où l’entend Umberto Eco,
présentent dans l’œuvre, l’œuvre étant ici entendue comme l’ensemble du
dispositif actif chez le lecteur (comprenant le texte-auteur, le processus
d’exécution, le transitoire observable, l’activité de lecture). Notons que la
méta-lecture ne se limite pas à l’interprétation des actions du lecteur ou du
rôle assigné par l’auteur à l’exécution du programme, elle interprète
l’ensemble de ces processus. Elle est très clairement à distinguer de
l’interprétation sémiotique qu’un spectateur se forge en regardant les autres
spectateurs dans une installation. Ce dernier y joue le rôle d’un « lecteur
éloigné », pas d’un méta-lecteur. Par exemple, la prise de conscience des
lecteurs de l’installation métapolis de
Jean-Pierre Balpe qu’ils leur faut synchroniser leurs actions pour gérer le
transitoire observable est un acte de double lecture. Le sens que le projet
artistique des auteurs attribue à cette synchronisation, s’il existe, est
accessible par méta-lecture. La méta-lecture, ou compréhension du rôle assigné au
fonctionnement même de l’œuvre, est souvent permise au lecteur d’une
installation dans une installation de par la présence d’un cartouche
explicitant les intentions de l’auteur. Ce cartouche est paratextuel dans la
lecture mais textuel dans la méta-lecture.
Mais c’est dans les œuvres à lecture privée,
et plus spécialement sur celles qui entrent dans l’esthétique de la
frustration, que l’introduction du concept trouve toute sa
pertinence. Cette esthétique de la
frustration n’appréhende pas la lecture en ce qu’elle est la modalité de
l’interprétation, mais comme un signe particulier de l’œuvre. C’est plus
spécifiquement l’aspect ergodique de la lecture qui est utilisé comme signe.
Dans cette esthétique, la limitation du pouvoir de la lecture n’est pas montrée
mais utilisée pour produire une posture du lecteur. Comme composante du
dispositif de l’œuvre, celui-ci est acteur dans l’œuvre. Il s’avère que c’est
encore l’échec de l’interaction qui est le
plus souvent utilisé dans cette esthétique, d’où une possible frustration du
lecteur qui utiliserait une profondeur de dispositif inadaptée, qui
lirait par exemple le transitoire observable comme une image vidéo. La
méta-lecture résout le possible caractère frustrant de cette esthétique : il
n’y a pas de frustration dans la méta-lecture. C’est ce que j ’indiquais dans
la lecture inassouvie en utilisant une formule excessive mais qui correspond
bien aux visées de l’œuvre signe, et dont une variante, tout aussi excessive,
serait : « lecture et méta-lecture créent une séparation entre deux
fonctionnements traditionnellement entrelacés dans la lecture : la lecture
expressive qui « vit » le signe et la lecture analytique qui le raisonne. »
figure
2 : Conception du méta-lecteur
2. 3 L’œuvre signe : Une représentation
au carré.
Sous
l’angle sémiotique, ces oeuvres utilisent un système complexe de
représentation, ici le dispositif de communication complet, comme signe
traitant d’une autre réalité que
figure 3 : schéma de
l’œuvre signe
Cette structure n’est, dans sa généralité,
pas propre à l’art programmé. Les œuvres répétitives d’Andy Warhol fournissent des
exemples d’œuvres signes structurales. Ainsi, Ten Lizes utilise un
système constitué de la répétition non identitaire d’une unique représentation
iconique : le portrait de Liz Taylor utilize comme représentation primaire du
système. Cette œuvre est généralement considérée comme ambiguë par les
théoriciens de l’art, mais une de ses interprétations consiste à considérer
qu’à travers la déformation, l’imperfection et la répétition stéréotypée comme
un papier peint de cette représentation primaire, elle vise une autre réalité,
la consommation de la figure de l’idole dans une culture populaire de masses.
Ce qui est utilisé du système pour forger cette représentation seconde n’est
pas la représentation primaire mais le fonctionnement du système, fonctionnement
qui se réduit ici au travail d’écarts/répétition que la représentation primaire
subit. Notons que ce schéma « au carré » ne décrit pas tous les aspects de la
construction du sens, notamment parce qu’il ne dit rien des contextes et, parmi
eux, des relations que les œuvres peuvent entretenir entre elles. La
représentation seconde se construit en fait également par ces contextes. On ne
peut appréhender la totalité des possibles de la sérigraphie de Warhol sans la
mettre en relation avec ses autres sérigraphies sérielles, ni sans rappeler le
contexte cinématographique de ce tableau créé en 1963 après la sortie du Cléopâtre de Mankiewicz dans lequel Liz avait été très critiquée, ni oublier que le
portrait utilisé par Warhol date de 1959, à une époque où Liz était au
sommet de sa beauté contrairement à 1963, ni, bien sûr, l’attrait de Warhol
pour le cinéma à partir de cette époque. Mais il demeure que cette
représentation est déjà suffisante pour décrire la construction du sens que
peut se faire un spectateur non informé de la génétique de l’œuvre et c’est ce
qui nous importe dans notre approche pragmatique.
figure
4 : la représentation primaire du ten Lizes
Il est important de noter que le
caractère possible mais non certain de cette interprétation est liée à l’absence
d’éléments qui confirmeraient avec certitude une telle intentionnalité de
l’artiste. Ici l’œuvre signe demeure dans une pragmatique de l’interprétation,
ce qui ne lui enlève nullement sa spécificité sémiotique, mais, d’un point de
vue objectif, l’œuvre est incomplète si on veut lui assigner réellement, et
avec certitude, ce statut d’œuvre signe. Il lui manque, comme nous le verrons,
un paratexte.
3 3 L’œuvre signe dans quelques œuvres du collectif Transitoire Observable.
3. 1 L’esthétique de la frustration
dans Orphée Aphone.
L’esthétique de la frustration
est aujourd’hui surtout présente dans les œuvres de Patrick Burgaud. Celui-ci,
dans Orphée Aphone, fournit sous forme de paratexte explicatif la clé de
la méta-lecture d’Orphée Aphone. Il déclare : « Contrairement à tout autre
support où l’œuvre est déjà, avec ou sans l’approbation du lecteurspectateur,
il n’y aura pas de performance de l’œuvre sans une série d ’interventions
délibérées de l’utilisateur. Il n’y a même pas de retour en arrière ni de saut
dans le futur possibles, l’utilisateur est partie intégrante et nécessaire de
l’œuvre en construction. Dans Orphée Aphone, je me suis inspiré
très librement du mythe. La structure narrative suit la trame d’Orphée enlevant
Eurydice. L ’utilisateur a pris la place d’Orphée, qui, entré aux Enfers, doit
tenter d’en sortir, passant à travers une série « d ’épreuves » tout en
ignorant les actions à accomplir. Lors de son périple, il emmène avec lui vers
le jour sa bien-aimée Eurydice. A une héroïne charnelle j ’ai préféré la métaphore de la langue maternelle (
Dès l’entrée, le lecteur se trouve confronté
à des difficultés pour avancer dans l’œuvre. S’il ne découvre pas qu’il lui
faut cliquer, en début du poème, sur l’extrémité droite de la bande bleue, il
ne peut même pas entrer dans l’œuvre. Ensuite, il est confronté à une attente
forcée. Dans ce poème, l’interactivité de navigation fonctionne le plus souvent
dans des fenêtres temporelles et non, comme dans l’hypertexte traditionnel,
selon des zones géographiques à l’écran. La structure du poème est d’ailleurs
totalement linéaire, l’interactivité ne servant, d’un point de vue fonctionnel,
que d’interrupteur en permettant de passer à la suite. Elle agit de la même façon que dans les
générateurs. Elle est ainsi utilisée pour dévoiler l’information à lire,
prétexte fonctionnel à la quête ludique ou agaçante de la « marche à suivre »
qui représente, elle, le signe dynamique construit sur l’activité de lecture et
utilisé dans la représentation seconde pour la méta-lecture. Dans cette
dernière, ce qui est lu dans cette quête est le rapport conflictuel et la quête
incessante que le lecteur peut entretenir avec sa propre langue.
3. 2 La langue virtuelle de la colonie.
On retrouve dans la colonie d’Alexandre
Gherban le même rapport, accessible à la méta-lecture, du lecteur à la langue à
travers un projet plus large axé sur une conception de l’univers artistique.
Le paratexte d’Alexandre Gherban
nous permet de remonter à la signification seconde : « Nourrie par des idées
venant de la vie artificielle, "la colonie" est un ensemble de formes
programmées à multiples entrées et hiérarchies. Comme le suggère le
titre, cet ensemble fonctionne comme une "colonie" dont les membres
sont liés par des relations internes. La préoccupation centrale est
La conception de la structure de
l’univers numérique constitue la réalité conceptuelle visée par la
représentation seconde. Le procédé utilisé pour énoncer ce niveau conceptuel
est iconique : C’est le fonctionnement du programme, et non le programme, qui
produit l’autonomie esthétique. Cette pièce ne travaille donc pas par
simulation comme le font les systèmes de vie artificielle ; ce n’est pas
l’adéquation entre le transitoire observable et un système vivant qui est visé,
c’est l’analogie entre l’autonomie cohérente de la production et celle du
vivant qui est utilisée. Même si, dans la représentation primaire, ce qui est
lu est l’ensemble des rapports esthétiques qu’entretiennent les formes
produites, dans la représentation secondaire c’est le processus de production qui
est utilisé comme niveau signifiant. Ici aussi, l’autonomie des domaines qui
empêche le lecteur de se faire une idée des algorithmes utilisés joue un rôle
déterminant dans la distinction entre lecture et méta-lecture. On peut
d’ailleurs analyser et lire le transitoire observable en terme d’unités
sémiotiques temporelles, par exemple dans les extraits de passage publiés
dans alire 12, le programme générant des comportements, alors que ce
programme contient également des structures de choix et des mesures totalement
transparentes à la lecture mais qui établissent la cohérence esthétique de
l’ensemble. Cette logique qui surplombe et contraint celle des comportements
est dénommée méta-logique dans le modèle procédural. Elle définit un niveau
d’intentionnalité énoncé par l’auteur mais que le lecteur n’atteint pas.
Une autre
réalité seconde se dégage quand on privilégie le fonctionnement de
l’interactivité sur l’autonomie du processus de génération. Les pièces de la
colonie doivent être appréhendées ensemble et non dans leur individualité.
Elles forment système. La lecture peut s’arrêter à l’une d’entre elles, pas la
méta-lecture. L’ensemble constitue une seule œuvre interactive. En effet,
l’examen des programmes montre que
l’interface qui permet d’accéder
à ces pièces est partie prenante de l’œuvre puisqu’elle gère le parcours de
navigation d’une façon particulière : le lecteur est libre de rester aussi
longtemps qu’il le veut dans une section de la colonie, en revanche chaque
section ne peut être vue qu’une fois et dans un ordre aléatoire, à chaque
session de lecture. Ces pièces sont autant de mondes dans lesquels évoluent des
formes autonomes qui constituent une langue artificielle[5]. Cette langue est incompréhensible au lecteur
qui, pourtant, peut communiquer avec elle dans les pièces interactives. Elle
est formée d’un dictionnaire de formes qui varie d’une pièce à l’autre et d’une
syntaxe constituée des lois comportementales qui régissent les interactions
entre les formes, interactions qui constituent un énoncé en perpétuelle
constitution. Comme dans tout énoncé, la présence ou non d’un terme et sa place
déterminent les possibles dans un autre endroit de l’énoncé. Cette
détermination passe notamment chez Gherban par des algorithmes d’automates
cellulaires. Il est alors intéressant d’analyser les dialogues produits par
cette langue. On constate tout d’abord que le vocabulaire est réparti en deux
classes paradigmatiques : les mots, parfois réduits à de simples lettres, et
les formes colorées. Le
comportement des éléments d’une classe influe toujours celui de l’autre selon
des lois précises. Les pièces non interactives se présentent comme des
dialogues entre les formes et les mots ou comme des monologues à deux voies, le
comportement de la forme colorée tenant lieu de niveau expressif. Le lecteur
peut également instaurer un dialogue avec cette langue artificielle. Les données qu’il entre ne sont alors que des
mots et non des formes. Ainsi, dans la pièce Les tisserands, ces mots sont traités par le programme dans la
cohérence du système de fonctionnement de la langue artificielle implémentée
qui n’est sensible qu’à la longueur des mots et la succession des voyelles et
des consonnes. Ils sont en quelque sorte traduits dans cette langue
artificielle. Le programme répond alors par un énoncé dans cette langue. On peut ainsi considérer que le programme «
comprend », avec sa logique, le langage naturel. Le lecteur est invité à «
comprendre » également le niveau esthétique produit par ce langage qui ne
possède pas de niveau sémantique. Plusieurs postures de lecture s’offrent à
lui. Il peut ne pas faire de relation entre les données qu’il entre et celles
que son action génère. Il y a alors incompréhension. Le lecteur aura tendance à
entrer n’importe quoi simplement pour voir « comment ça marche ». Il peut
également considérer que le signe produit par son action est purement plastique
et qu’il entre en relation avec lui, qu’il constitue un niveau expressif
supplémentaire appliqué aux données entrées. Il peut alors commencer un
véritable dialogue avec le programme sur le mode de la performance. Des
postures intermédiaires existent certainement. Elles prendront toutes un sens
dans le cadre d’une méta-lecture : celle de la déclinaison des relations qu’un
individu peut entretenir avec une langue étrangère et des problèmes de
communication qui en découlent. Tout se passe comme si l’auteur émettait un
énoncé en langue inconnaissable par le lecteur. L’œuvre joue sur
l’incommunicabilité et la réflexivité qui s’en suit pour ce lecteur.
3. 3 Généralisation.
On pourrait de la même façon démonter la
signification de mes générateurs contraints qui considèrent que la
programmation est avant tout une affaire entre l’auteur et la machine, qu’elle
ne concerne pas le lecteur mais qu’elle constitue une représentation de la
condition de l’écriture, et notamment de l’échec de la communication que porte
l’écriture. La méta-lecture s’appuie sur la totale méconnaissance qu’a le
lecteur des mécanismes de mesure et de régulation actifs à l’exécution et non
plus sur une quelconque interactivité. La perception du transitoire observable
ne permet pas de déceler ces mesures ni de se rendre compte de leur présence. Celles-ci
ne peuvent être lues alors qu’elles jouent un rôle central dans l’œuvre. Le
fonctionnement du programme fait alors jouer fortement la distinction entre la
lecture, qui opère sur des signes de surface, et l’écriture qui est tout
entière orientée vers ces mesures et le niveau métalogique esthétique qui en
découle. C’est l’échec de la
communication qui est ici représenté, échec dans lequel la réussite de la
lecture, cette fois-ci, joue un rôle actif.
4 Sémiotique
de l’œuvre signe en littérature électronique.
Nous pouvons maintenant approfondir le
fonctionnement sémiotique de cette œuvre signe.
Dans l’œuvre signe, l’activité de
lecture correspond à la réception de la représentation première, à travers le
texte-à-voir. Cette représentation est limitée au texte-à-voir et à ce que le
transitoire observable laisse entrevoir du fonctionnement du programme.
L’activité de méta-lecture correspond à la réception du signe œuvre qui utilise
notamment l’activité de lecture comme signe dans l’œuvre.
Figure 6 : signe
primaire interprété dans l’activité de lecture
Figure 7 : signe
secondaire interprété dans l’activité de méta-lecture
Contrairement à la double lecture
qui est l’interprétation par le lecteur de sa propre activité de lecture, interprétation
qui se situe dans le cadre de la lecture, la méta-lecture nécessite des
informations para-textuelles sur le projet de l’auteur. Plus exactement, des
informations considérées comme para-textuelles dans l’activité de lecture,
apparaissent comme textuelles dans la méta-lecture. Il en va ainsi de tous les
textes explicatifs réalisés par l’auteur, qu’ils soient cartouches
d’installations, articles ou notices ou « fichiers d’aide » qui accompagnent
souvent les œuvres et que le lecteur, en général, ne consulte pas. La présence
ou l’absence de ces éléments, leur nature et leur contenu jouent un rôle
déterminant dans l’interprétation du méta-lecteur lorsque cette posture peut
être tenue par un individu. Du point de vue de la création, en effet, le méta-lecteur
est essentiellement une stratégie d’écriture. On pourrait la nommer
Méta-lecteur modèle en référence au Lecteur Modèle de la sémiotique d’Eco.
Le schéma de la communication de Jakobson
fournit une grille d’analyse simple qui nous permet de distinguer par quelques
traits caractéristiques lecture et méta-lecture. Dans le cadre du système
primaire, celui dans lequel le lecteur est en situation de lecture du
texte-à-voir, l’activité ergodique est une énonciation. L’énonciation est en
effet définie comme « l’acte consistant à
utiliser un code», ce que fait l’interacteur lorsqu’il agit : il met
en œuvre son propre code pour prendre des décisions. Le caractère frustrant de
l’interactivité provient de ce que la génération qui s’en suit est gouvernée
par les codes de l’émetteur, à savoir auteur et acteurs techniques[6]. Le décalage naturel relevé par les
sémioticiens entre le code utilisé par l’émetteur et celui utilisé par le
récepteur[7] joue ici pleinement. Il instaure bien l’interface multimédia et
logicielle comme le lieu où se joue la négociation entre ces codes[8]. Cette négociation peut achopper ou échouer
en partie. La frustration résulte de cet échec de la négociation. Une interface
multimédia est donc touj ours une mise à distance du contenu, du simple fait de
la variabilité des codes des acteurs. C’est d’ailleurs tout le problème de
l’ergonomie que de repérer, et si possible amoindrir, cette variabilité.
Le transitoire observable est l’énoncé
produit par cette négociation. Il contient notamment l’interface multimédia et
le texte-à-voir. Il implique, comme tout message, une fonction métasémiotique. La double
lecture apparaît comme une conséquence de celle-ci. Elle induit une
réorganisation de la signification par le lecteur lorsqu’il prend conscience de
l’écart entre le code qu’il a utilisé dans son activité ergodique et celui
utilisé par le programme pour lui répondre. La frustration provient d’un échec
de la double lecture.
Dans
l’esthétique de la frustration, l’œuvre ne vise pas, fondamentalement, le destinataire
en ce qu’il serait lecteur mais en ce qu’il est méta-lecteur. Elle ne délivre
pas touj ours dans le transitoire observable, de ce fait, les clefs qui
permettraient au lecteur d’effectuer une double lecture[9].
Et même lorsqu’elle le fait, comme souvent chez Patrick Burgaud, cette double
lecture n’interdit pas la une méta-lecture. La double lecture, en effet, est
purement cognitive et continue de s’actualiser dans une activité ergodique sur
le transitoire observable qui, elle, va être sémiotiquement interprétée par la
méta-lecture. Le méta-lecteur ne distingue pas lecture et double lecture.
Dans
la méta-lecture, le lecteur, tout comme l’auteur et la machine, se retrouve du
côté de l’émetteur et non de celui du récepteur. C’est en cela qu’on peut considérer que ce lecteur « n’est pas
destinataire de l’œuvre ». Plus exactement, il n’est pas destinataire de
l’œuvre signe qui, dans l’optique de l’esthétique de la frustration, constitue
la réalité ultime de l’œuvre. Dans cette optique, le transitoire observable est
un leurre destiné à entretenir l’émission. Il doit nécessairement donner lieu à
un texteà-voir, c’est-à-dire être doté d’un niveau signifiant interprétable,
pour que cette émission fonctionne. On a en effet vu qu’elle comportait une
énonciation du lecteur qui ne peut exister en dehors d’une interprétation
simultanée du texte-à-voir par ce lecteur.
Dans la méta-lecture, l’activité ergodique du lecteur n’est plus une
énonciation d’un des partenaires de la communication mais appartient
entièrement à l’énoncé qui est constitué d’unités performatives montées en
séquence temporelle. En cela, l’œuvre signe se rapproche de la connotation et,
comme elle, implique un code flou et imprécis, un ensemble peu structuré de
règles qui permettent de construire ou comprendre l’œuvre signe, qu’un
paratexte suffit alors à donner.
L’activité
ergodique du lecteur est appréhendée dans la méta-lecture, en tant que message,
par sa fonction poétique (elle dit quelque chose de l’état du message) et par
sa fonction phatique (elle dit quelque chose relativement à l’état de la
machine et à celui du lecteur qui en constituent le canal). Ici les actions de
méta-communication de ce lecteur tels que signes d’agacement, d’intérêt, de
surprise… jouent un rôle important. C’est par un rapport iconique en terme de
fonctionnement qu’elle informe alors sur le référent. Tout comme pour la
connotation, la relation entre le référent et l’œuvre signe est bien
symbolique, c’est de façon purement arbitraire que l’auteur décide d’utiliser
l’activité de lecture et de mettre en place chez le lecteur, le plus souvent,
des comportements qu’il estime en relation avec la réalité conceptuelle qu’il
veut atteindre, mais c’est par leur caractère iconique que ces comportements
parlent du référent : ils construisent une relation analogue à celle du
référent dans le cadre expérimental qu’est, pour le lecteur, l’œuvre signe.
Ainsi donc, si le lecteur expérimente effectivement l’œuvre, il revient au
méta-lecteur de théoriser cette expérience, c’est-à-dire de la mettre en
relation avec la réalité conceptuelle expérimentée. La lecture peut bien
évidemment construire un niveau conceptuel déduit de la représentation
primaire, rien ne garantit que celui-ci soit effectivement celui de l’œuvre
signe.
5 En
guise de conclusion.
Par
leur dimension performative, les dispositifs numériques semblent plus aptes à
manipuler symboliquement ces fonctions de la communication que représentent la
lecture et l’écriture. Puisqu’il permet ce déport de la littérature du texte
vers les modalités de sa manipulation par la signification[10],
la poésie, en ce qu’elle est littérature réduite à son principe actif comme le
dit Valéry, semble bien, aujourd’hui, bénéficier de l’existence des systèmes
programmés, plus aptes que les systèmes traditionnels à la faire œuvrer sur ces
questions qui la travaillent.
Je
me méfie touj ours des extrapolations. Elles
débouchent parfois à notre insu sur des considérations totalement déplacées. Il
me semble pourtant utile de recontextualiser une analyse particulière par le
cadre des grands panoramiques sur la question. Je m’y risquerai
donc.
Par
extrapolation, on peut considérer que cet art programmé nous pose une question
: comment êtes-vous humain ? Elle ne la pose pas, comme on l’a vu, à l’individu
en ce qu’il est lecteur ou spectateur, mais à l’individu en ce qu’il est
observateur du rapport au sens qu’entretiennent les manipulations
technologiques de ses semblables. Une
telle conclusion ne peut s’obtenir que si on accepte de considérer que l’œuvre
ne se limite pas à une objectivité technicisée, mais qu’elle constitue un
processus qui englobe les acteurs mêmes de ce processus. Il ne faut jamais
oublier que nos objets d’analyse, dans la philosophie du savoir qui caractérise
notre société occidentale depuis Gödel, peuvent être abordés comme des systèmes
au sens de la seconde systémique et que le principe fondamental du tiers-inclus
implique que les conclusions que l’on obtient dépendent du regard de l’analyste.
Négligera-t-on le côté processuel de l’exécution du programme au bénéfice du
seul caractère algorithmique de ce programme ? on estimera alors que l’œuvre
est du ressort de la simulation. Cela est sans doute vrai de systèmes dans
lesquels la logique de l’exécution n’est pas contradictoire avec celle de
l’algorithme du programme écrit par l’auteur, ce qui n’est pas toujours le cas
des situations de réception dans les dispositifs à lecture privée.
Négligera-t-on dans l’analyse le spectateur, alors classiquement considéré
comme destinataire extérieur de l’œuvre, sans doute arrivera-t-on à la
conclusion que ces systèmes rejettent l’humain, produisent par leur
fonctionnement autonome un état aveugle, une perte de l’homme. Tous ces regards
sont sans doute vrais mais incomplets dans
une perspective systémique dans laquelle le savoir se construit dans la
circulation constante du raisonnement entre des contradictoires. L’art
programmé semble bien utiliser ces orientations signifiantes comme facettes de
la question de l’humain,
pas de la réponse. Cette dernière ne lui
appartient pas.
REFERÊNCIAS
BURGAUD,
Patrick Henri. Orphée Aphone, alire 12,
MOTS-VOIR, juillet, 2004.
GHERBAN,
Alexandre. La colonie, alire 12,
MOTS-VOIR, juillet 2004.
Recebimento
05/10/2007
Aprovação 09/11/2007
<REVISTA TEXTO
DIGITAL>
[1] Le
mot œuvre recouvre dans le modèle procédural un système constitué d’un objet : le texte-écrit (en gros le programme source), généralement accessible au seul auteur, d’un état
multimédia produit lors de l’exécution : le transitoire observable,
accessible au seul lecteur, et de la transformation qui permet de passer
physiquement du premier au second (en gros le processus d’exécution du
programme).
[2] Une
oeuvre à lecture privée est conçue pour être lue ou
regarder dans un cadre intimiste et non en installation. En installation, les
générateurs balpiens génèrent en continu, ce qui
n’enlève rien à la discussion.
[3] Présent sur le site de Transitoire Observable http://transitoireobs.free.fr
[4] Jean-Marie Klinkenberg, Précis
de sémiotique générale, DeBoeck & Larcier, Bruxelles, 1996, p. 190
[5] Il conviendrait en toute rigueur d’analyser plus en détail le programme de l’œuvre pour vérifier s’il s’agit bien d’une langue ou seulement d’une pseudo-langue.
[6] J’ai maintes fois signalé comment et pourquoi l’auteur, dans un système procédural, n’est que co-auteur du transtoire observable.
[7] Par exemple : « dans
les faits il n ’y a jamais superposition parfaite des codes à disposition de
l’émetteur d’une part
et du récepteur de l’autre », ibid. p. 38.
[8] Nous négligeons pour simplifier l’influence des acteurs techniques qui n’est pas essentielle à notre débat.
[9] Je procède souvent de la sorte.
[10] Le texte (texte-à-voir) n’est manipulé que de façon indirecte. Les
véritables manipulations portent sur les fonctions qui construisent une
signification sur ce texte-à-voir : l’écriture et la
lecture.